Tu es un danseur au parcours atypique, ayant fait plusieurs écoles, plusieurs compagnies, et même styles de danse. Raconte-nous un peu ton parcours :
J’ai commencé la danse à 7 ans après avoir vu ma soeur danser, j’ai été fasciné et ai trouvé ça très beau. C’est quelques années plus tard où j’ai réalisé que c’était quelque chose qui faisait partie de moi. J’ai décidé que j’allais être danseur. J’ai débuté dans le 95 dans une petite école puis je suis rentré au CRR de Paris à l’âge de 11 ans. J’ai fait pratiquement fait toutes les écoles professionnelles de danse parisiennes, à savoir un an au CRR, 1 an au CNSMDP et un an à l’Opéra, pour terminer mon cursus à la Royal ballet school de Londres où j’ai été diplômé à 19ans.
Toutes ces écoles ont été pour moi des différentes approches d’apprentissage de la danse, j’ai réalisé que ce n’était pas seulement pour s’amuser qu’on dansait. C’est à partir de l’Opéra que j’ai pris conscience de l’importance d’être fort mentalement pour s’adapter à la pédagogie et à la façon de penser que je trouve très particulière à cette école personnellement pour arriver à faire de la danse son métier.
Mon parcours professionnel en tant que danseur a été très différent d’un parcours typique. J’ai fait un an dans la compagnie de l’Opéra de Paris où j’ai eu la chance de danser des rôles de corps de ballet et de participer à la création de Pierre Lacotte Célébration où nous étions seulement 5 couples de solistes. Je suis parti ensuite à l’Opéra de Rome où j’ai pu danser plusieurs rôles solistes dont la danse Napolitaine dans le Lac des Cygnes. J’ai voulu élargir ma zone de confort et réaliser un rêve particulier pour moi en faisant de la comédie musicale et en auditionnant pour le rôle mythique de Mr Mistofelees dans la comédie musicale Cats, que j‘ai dansé au théâtre Mogador puis avec l’équipe anglaise dans le monde entier. J’ai ensuite travaillé pour plusieurs productions à l’Opéra National de Bordeaux, et ai redansé à l’Opéra de Paris avec une approche différente due à une maturité acquise lors de mes expériences diverses. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire un one man show et de partager mon expérience par la danse, le chant et le jeu d’acteur pour en faire un spectacle sur mon parcours qui est différent d’un parcours d’un danseur lambda.
Quelles différences as-tu remarquées entre les différentes écoles, dans la manière d’appréhender l’entrainement et au niveau du style ?
Pour prendre l’exemple de l’opéra , le style a été pour moi très ancré et s’apparentait à une approche spécifique à une formation à l’élite du ballet de l’Opéra de Paris mais très peu voire pas du tout aux autres styles de compagnies. Dans les autres écoles comme le CNSM et la Royal Ballet School, c’était pour me former en tant que danseur au sens large que je m’entrainais avec 7.30H de danse par jour (ce qui laissant très peu de place au parcours scolaire) mais nous laissait un maximum de liberté d’expression pour trouver sa personnalité dans la danse.
Et le monde de la comédie musicale, est-t-il si loin du monde classique ?
C’était extrêmement différent au niveau de l’ambiance entre artistes ( chanteurs, acteurs, danseurs ou les trois), dans le sens où il n’y avait pas autant de compétition que dans le monde de la danse classique. A l’inverse du classique où on nous apprend à rentrer plus ou moins dans un moule, à avoir une certaine posture ou comportement, la comédie musicale, comme son nom l’indique, demande plus à montrer, et exploiter leur personnalité, à ses artistes. (être extraverti)
Quelles différences d’entrainement as-tu lors de tes tournées en classique et en comédie musicale ? Est-ce la même pression ?
C’est différent sachant qu’en comédie musicale, pour le rôle que j’avais, je faisais mon entrainement seul et je venais trois heures avant le spectacle. En danse classique, l’entrainement est commun et guidé par un professeur. La pression est différente dans le sens où il faut apprendre à donner et gérer une qualité constante avec 7 à 8 shows sans changement de cast pendant un an, alors qu’en classique, les spectacles sont moins nombreux et sur une courte période, mais il s’agit de donner de la qualité en remplaçant parfois à la dernière minute et en respectant la trame exacte répétée.
Pour les curieux de la comédie musicale, est-ce que le rapport au corps change lorsque tu dois chanter en même temps, quelle part d’énergie mets-tu dans ta voix, et dans ton corps ?
Ce qui était très difficile et en particulier parce que la respiration est différente lorsque vous chantez et dansez, c’est que Cats est une les comédies musicales des plus longues et est extrêmement physique, Il est parfois très difficile de respirer lorsqu‘on est en train de danser quelque fois la tête en bas. Il faut réussir à trouver un équilibre entre le corps gainé du danseur et la souplesse respiratoire du chanteur.
Cats a été un succès à Mogador, et tu y interprétais le rôle de Mistoffellees.
Comment as-tu appréhendé ce rôle, et comment as-tu géré la pression ?
Pour moi, ce rôle était un "dream rôle" et a eu un impact énorme sur moi en tant qu’artiste et non pas qu’en tant que danseur. Cela m’a apporté une confiance mais aussi et surtout une nouvelle façon de m’exprimer, non en voulant faire des mouvements à la perfection, mais en interprétant un rôle et presque en le devenant. La pression fut extrêmement dure sachant que c’est un rôle extremenent difficile à danser car en plus de danser et chanter pendant deux actes entiers sur scène, le solo de ce rôle se trouve dans les dernières minutes du spectacle et demande une performance physique d’une grande intensité.
Qu’est-ce qui, en accompagnement de la danse, te permets de rester motivé et de gérer les périodes creuses à la recherche de nouveaux spectacles ?
Ce qui permets de me motiver c’est la méditation, écrire quelque fois sur des papiers des mantras positifs, de regarder des grands artistes comme Lady Gaga ou Freddie Mercury qui ont commencé très doucement avec une petite audience mais qui ont toujours crus en eux et en leur créativité et n’ont jamais perdu la foi en leurs rêves. Mes amis m'aident également; et ma force mentale à ne rien lâcher, car tout est possible quand on croit vraiment en ses rêves.
Tu es réputé pour avoir un entrainement particulier en termes de musculation, due à ton physique dessiné, quelle est ton entrainement quotidien pour prendre du muscle et rester en forme ?
Je fais régulièrement des exercices comme des abdos ou des pompes , je pense qu’il est important de quelques fois se pousser à faire des exercices que l’on a pas spécialement envie de faire, mais de surtout choisir des exercices qui nous motivent et qui peuvent nous faire plaisir :)
As-tu recours à des techniques naturopathiques (huiles essentielles, plantes, compléments de vitamines, massages, réflexologie, hydrothérapie, alimentation, méditation…) dans ton quotidien ? Si oui lesquelles ? Qu’est-ce qu’elles t’apportent ?
La méditation m’aide beaucoup à trouver une certaine sérénité dans des moments de stress intense et de questionnements dans la vie. J’utilise des huiles essentielles anti-stress, une alimentation variée avec des protéines non animales, des glucides et des légumes. En période de performance intense, je me masse les jambes à l’huile d’arnica, ce qui a aussi un effet apaisant grâce à son odeur.
Mon appartement, qui ressemble à une immense loge d’artiste, est parsemé de plantes qui me détendent et me donnent de l’inspiration lorsque je m’en occupe.
Tu es en ce moment en train de préparer ton "one man show", peut-on en savoir un peu plus et savoir où tu voudrais le présenter ?
Cela fait quelques années que je rêve de faire mon "seul en scène", pour pouvoir m’exprimer en tant qu’artiste complet. Dans ce one man show, je parle de mon expérience avec mon regard sur l’artiste en général; jusqu’où est-il prêt à aller, et pourquoi est-ce si important pour lui de s’exprimer sur scène ?
Ma question est, à votre avis : Est-ce qu’on est né Artiste, ou est-ce qu’on le devient?
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